Pourquoi as tu décidé de devenir entraineur ?

Quand j’étais jeune joueur, j’ai encadré dans mon club des petits et cela me plaisait beaucoup. Je me suis éloigné du terrain durant quelques années, où j’ai été attaché de recherches pour l’élaboration d’une thèse sur l’identification du talent. Piero Stupar était mon prof à la fac. Son approche m’a beaucoup plu et m’a donné envie de réfléchir sur le jeu plutôt que sur le fait de devenir entraîneur. Après avoir quitté Bordeaux pour les études, j’ai eu l’opportunité de revenir à la fac des sports. Cela m’a redonné cette envie de passer les diplômes d’entraîneur. Ma première expérience a été à Lège Cap Ferret, il y a dix ans.

Quels sont les entraineurs que tu as côtoyé qui ont inspiré l’entraineur que tu es aujourd’hui ?

Le premier est évidement Piero Stupar, qui m’a fait le plus réfléchir. J’ai aussi une tendresse particulière pour Victor Gutierrez et Jean-François Raoul.

Quel est l’entraineur professionnel que tu admires et pourquoi ?

Je ne suis pas très calé sur les entraîneurs professionnels. J’aime bien quand un entraîneur bouscule le paysage comme Mircea Lucescu, qui a entraîné le Chakhtar Donetsk. J’aimais bien ce qu’il proposait. Il y a aussi Antonio Conte (Chelsea) pour différentes raisons. Il a su remettre au goût du jour le 3-5-2.
En général, j’aime bien les entraîneurs qui réussissent alors qu’ils n’ont pas toutes les cartes en mains. Je pense aussi à Diego Simeone ou encore Pep Guardiola même si j’aimerai qu’il trouve un challenge club plus difficile que City. En France, il y a l’exemple de Christophe Pélissier qui a connu une belle aventure à Luzenac avant de rebondir à Amiens. Chapeau !

« Il n’y a pas de vérité »

Quelle est ta philosophie de jeu ?

Bien jouer, c’est faire ce que le jeu demande. Des fois, il faut savoir faire 1000 passes et parfois, il ne faut faire que des attaques rapides. Il n’y a pas de dogme, pas de vérité. Et c’est ce qu’il y a de plus compliqué à faire comprendre au groupe. On ne peut pas tout prévoir. On ne sait jamais ce qu’il va se passer. On peut être à dix ou prendre un but au bout de deux minutes de jeu. Comme on peut vivre l’inverse. On ne sait jamais. Les joueurs doivent être capables de comprendre que parfois, les consignes données la semaine devront être revues le jour du match, en fonction du scénario. J’essaie de les éveiller à ça et c’est difficile. Il y a un gros travail de formation à faire. Quand ils arrivent en seniors, c’est du temps de gagné.

Causerie ou pas causerie ?

Je n’en fais pas toujours. Parfois elles sont importantes, d’autres fois pas. Et quand il y en a, elles sont assez courtes – pas plus de cinq minutes – et variées. Je ne pense pas qu’on puisse changer le cours du jeu par une causerie. Parfois, cela peut influer mais ce n’est pas très fréquent. On ne peut pas taper sans arrêt sur le même levier car sinon, le discours s’use. Par contre, celle qui a lieu à la mi-temps a beaucoup plus d’influence alors qu’on n’y attache moins d’importance. On a vu ce qu’il s’est passé sur la première période, ce qui nous donne de vrais arguments pour parler aux joueurs.

Ce dont tu ne peux pas te passer quand tu es entraineur ?

De manger une pâte de fruits à la mi-temps. Et de toujours m’assoir en bout de banc.

Sur le banc, tu es comment ?

Je suis plutôt calme et je partage avec le staff sur ce qu’on voit. J’essaie d’accompagner l’équipe en étant le plus calme possible. Je ne suis toutefois pas effacé. Mon rôle est limité sur le banc. Le tout est de donner les infos et que les joueurs les réceptionnent au mieux.

Les soirs et lendemains de défaites, c’est comment avec Alex Torres ?

Je pense que je ne suis pas très agréable pour mon entourage. Je me focalise souvent sur ce qui arrive après, sur les leviers qu’il faudra actionner pour le prochain match. Après, il est certain que je refais le match dans la nuit qui suit.

Et les soirs et lendemains de victoires ?

Je dors peut être un peu mieux, quoique ! Je suis forcément un peu plus serein.

Quels sont tes doutes et questionnements les plus réguliers ?

C’est toujours pareil : faire en sorte que tout le groupe reste concerné afin de s’améliorer semaine après semaine. Nous sommes jugés sur les résultats mais nous avons peu de moyens de contrôle le jour du match. Alors, il faut se concentrer sur le fait que le groupe vive bien.

Que t’apporte ton activité entraîneur ?

Ce qui m’intéresse, c’est le projet club. Et quand il s’essouffle, je m’essouffle aussi. Quand tout le monde tire dans le même sens et cela quelque soit les résultats, c’est une satisfaction. Et forcément, les résultats suivront. C’est important la dynamique de projet.

Si tu n’avais pas été entraineur, qu’aurais tu aimer faire ?

Franchement, je ne sais pas. J’aurai aimé avoir un style de vie plus bohème et cela au bord de l’océan, avec un travail moins chronophage.

Alexandre Torres
Né le 18 mars 1978
Parcours entraîneur : Lège Cap Ferret, Stade Bordelais
Profession : Entraineur, formateur à la fac des sports