Quel est ton parcours footballistique ?

Je suis né à Bordeaux. Mes parents vivent à Bègles où j’ai joué jusqu’à l’âge de 14 ans. A cet âge, j’ai eu envie de jouer à un niveau supérieur. Je suis donc parti tout seul comme ça avec mon sac vers Arlac. Le club a accepté de me faire une licence, sans aucune garantie de jouer. J’avais envie de découvrir et de comparer les niveaux. J’ai aussi postulé pour le sport études, où j’ai été pris. J’ai alors été repéré par le Stade Bordelais à 15 ans. Bernard Larrue m’a ensuite recruté aux Girondins de Bordeaux, où j’ai joué deux ans en moins de 17 ans et deux ans en équipe réserve. Mais je n’ai pas pu signer professionnel. Je suis alors parti au Portugal, à Varzim (D1). Je suis revenu en France car ce n’était pas assez structuré et les paiements des salaires irréguliers. J’ai choisi Bordeaux où j’ai repris mes études, en cumulant des petits boulots. J’ai signé à Langon durant un an et demi, alors était entraîné par Jean-Pierre Léglise. J’ai pu jouer avec Pierrick Landais, Stéphane Aymon ou encore Mathieu Valbuena. J’avais 21 ans et j’avais envie de jouer au meilleur niveau possible. J’ai donc rejoint Beauvais (national) durant 4 ans avant de me rapprocher de Bordeaux en signant à Bayonne (national). Je suis ensuite allé à Marseille. Au départ, je devais être cadre de l’équipe réserve mais j’ai pu profiter de plus avec des séances d’entrainement et des bancs avec l’équipe première. J’ai ensuite choisi pour des raisons personnelles de revenir sur Bordeaux. Le Stade Bordelais venait de monter en CFA. J’étais sur ma sixième saison.

Cette expérience à Marseille t’a amené quoi comme bonus inattendus ?

C’était génial ! Au départ, quand il y avait des manques dans l’effectif, notamment lors des semaines internationales, je m’entraînais avec la première. J’ai ainsi pu rencontrer Didier Deschamps avec qui j’ai pu avoir de belles discussions. J’avais 30 ans, alors j’ai vécu les choses différemment. J’étais là pour bosser, pour prendre du plaisir et cela sans arrière pensée si ce n’est de vivre des choses. A cette époque, il n’y avait pas encore le grand Paris. Marseille, c’est ce qui se faisait de mieux. Je savais qu’il serait très difficile de jouer en première : Azpilicueta, Fanni, Traoré, Nkoulou, Diawara. C’était super intéressant de travailler à côté des meilleurs et d’essayer de faire partie du groupe. J’ai pu toucher à des événements que je ne connaissais pas. J’ai eu la chance de faire des bancs, sans entrer. J’ai fait la préparation avec eux, des matchs de préparation. J’en ai profité !

En revenant dans la région, tu choisis donc le Stade Bordelais ?

Bernard Larrue m’avait contacté en mars. L’équipe première était en CFA2. Le projet du club était de retrouver le CFA, chose faite en fin de saison, avec comme entraineur Laurent Dauriac. Nous avons discuté et j’ai beaucoup réfléchi. J’ai fait un choix familial. Le football c’est chouette, c’est ma passion, cela a toujours été mon métier. Mais j’avais envie de connaitre autre chose.

« Je n’ai jamais quitté un club à la moitié de la saison »

Durant ces cinq ans et demi, que retiens-tu de ton passage au Stade Bordelais ?

Il y a plein de souvenirs ! Il y a le seizième de finale de la coupe de France dans un stade rempli contre Lens dès ma première saison. Il y a aussi des moins bons avec la relégation en CFA2. Mais nous avons su rebondir et remonter de suite. Et il y a les rencontres avec les dirigeants, les joueurs, les intendants et les secrétaires. J’ai vécu plein de choses sportivement et humainement.

Pourquoi avoir choisi de partir ?

Laurent est venu vers moi avec le président de Libourne. Nous avons discuté. Ils m’ont expliqué qu’ils ne pensaient pas faire face à autant de difficulté en National 3. Ils sont dans l’urgence et veulent tout faire pour obtenir le maintien. J’ai senti un bon projet. Ils ont affirmé leur envie de travailler avec moi et m’ont proposé un contrat fédéral d’un an et demi, une belle preuve de confiance. Ensuite, il y a une perspective de participer au projet du club et de m’intégrer sur du plus long terme. C’était une réflexion sur mon avenir autant du côté projet sportif que professionnel. Cette proposition m’a semblé le plus en adéquation avec mes aspirations, qui me permet une projection sur le futur.

Retrouver Laurent Dauriac, qui a déjà été ton entraîneur au Stade Bordelais, a été important dans ta prise de décision ?

Forcément. Nous sommes devenus des amis. Nous bossons souvent ensemble comme dernièrement en étant vacataires pour l’université afin de former des entraîneurs chinois. Mais, cela restera mon entraîneur. Je laisserai tout ça en rentrant sur le terrain. Si nous sommes amis en dehors du terrain, je serai jugé comme les autres joueurs.

Quels sont tes objectifs en signant à Libourne ?

Le premier est clair : se maintenir. C’est le plus urgent. Il sera dommage que le club ait fait tous ces efforts pour retrouver le National et être à nouveau en difficulté. De mon côté, j’espère toujours prendre du plaisir en jouant et en m’entrainant, tout en étant performant. Je souhaite apporter ce qu’ils sont venus chercher en moi. Je serai un encadrant, un communiquant avec la volonté d’être rassurant pour la défense. Si je joue encore à mon âge, c’est que j’aime ça. J’espère d’ailleurs vivre encore des bons moments.

Tu vas découvrir ta nouvelle équipe lors de la séance de ce lundi soir ?

Oui, je connais quelques joueurs : Simon Adoue, Mathieu Didion, Anas Faras… Laurent Dauriac m’a proposé de venir samedi soir contre Poitiers. Mais j’avais à coeur de dire au revoir aux dirigeants et bénévoles du Stade Bordelais lors du match contre Nice. J’avais parlé aux joueurs le vendredi avant le match, il était important pour moi d’en faire de même avec les autres personnes du club. La soirée de samedi nous a permis de nous dire au revoir. Les joueurs m’ont offert un maillot signé et nous avons passé un moment simple ensemble.

Cela va te faire bizarre de ne plus aller au Stade des Antennes du Lac et de Sainte Germaine ?

J’avoue que je n’avais jamais songé à partir. Je me voyais bien finir au Stade Bordelais. Maintenant, je suis enthousiaste. La décision n’a pas été facile à prendre. La semaine dernière a été difficile. Je n’ai jamais quitté un club à la moitié de la saison. Je n’aime pas cela. Mais j’étais obligé, même si j’ai l’impression de trahir. Il faut maintenant avancer. La page est tournée. Je suis curieux de découvrir les gens avec qui je vais travailler pour obtenir le maintien, avec ce que je peux apporter.

Gérard Roland
Date de naissance : 5 avril 1981
Poste : défenseur central
Club : Libourne
Parcours : Bègles, Mérignac Arlac, Stade Bordelais, Bordeaux, Varzim (D1 Portugal), Langon, Beauvais, Marseille, Stade Bordelais, Libourne.