Pourquoi as tu décidé de devenir entraineur ?

Quand je jouais en cadet et juniors, lorsque les exercices me plaisaient, je les notais sur un cahier afin de les refaire dans mon jardin. J’avais déjà des prédispositions à être entraîneur. Petit à petit, j’ai passé les diplômes. J’ai entraîné directement les seniors. Je ne suis jamais passé par les catégories de jeu. Je ne suis pas un formateur. Je n’ai pas cette patience dans le football malgré que j’ai été pourtant directeur de centre de loisirs.

Quels sont les entraineurs que tu as côtoyé qui ont inspiré l’entraineur que tu es aujourd’hui ?

Il y a tout d’abord Gérard Mobili que j’ai connu à Saint André de Cubzac. Cela remonte car j’étais poussin ! Il y a aussi Jean-Paul Vicent, de Carbon Blanc, Tony Trijoulet ou encore Jean-Louis Petitbois à Libourne. J’ai pris de chacun d’eux pour me construire , en ajoutant des idées et ma philosophie d’entraineur.

Quel est l’entraineur professionnel que tu admires et pourquoi ?

J’aime bien les entraîneurs travailleurs comme Jean-Marc Furlan ou Jean-Louis Garcia, qui plus est sont des amis. Je m’inspire beaucoup d’eux. J’aime bien aussi la classe de Carlo Ancelloti et Fabio Capello ainsi que les tempéraments d’entraîneurs comme Frédéric Antonetti et Pascal Dupraz. Et évidemment, il y a aussi Guy Roux et Aimé Jacquet, qui ont tellement apporté au football français !

« Un entraîneur se doit de s’adapter à son équipe

Quelle est ta philosophie de jeu ?

Je vais rester humble. Je n’ai pas d’autre philosophie que celle qui fait gagner. Un entraîneur se doit de s’adapter à son équipe. Il doit tirer le meilleur de son groupe. En ce moment par exemple à Cestas, c’est de se projeter vite vers l’avant, un football offensif qui fait gagner. J’ai eu beaucoup d’équipes, toutes différentes. Je m’attache à un dénominateur commun : un esprit de groupe et une solidarité.

Causerie ou pas causerie ?

Causerie car je n’ai pas assez de temps en semaine pour leur parler. C’est mon one man show, mon moment à moi qui dure entre 10 et 12 minutes. Je m’éclate dans ces moments tout en faisant en sorte que ce moment serve aux joueurs sur le terrain. C’est surtout une préparation mentale.

Ce dont tu ne peux pas te passer quand tu es entraineur ?

Je suis un peu superstitieux. J’essaie de me rappeler ce qui s’est passé les jours de victoire et ce qui doit être gommer quand cela n’a pas marché. Cela m’influence un peu. J’utilise aussi coach-adjoint, qui m’offre de belles statistiques.

Sur le banc, tu es comment ?

Agité bien que je me sois calmé par rapport au début de ma carrière. Mais j’essaie d’être proche des joueurs. J’avoue que des fois, c’est comme une pièce de théâtre. Je joue. Mais une fois que le match est terminé, cela ne m’empêche pas de discuter. J’essaie de me calmer car ma femme m’a dit que j’avais un problème (rires). Peut être que je suis encore joueur dans ma tête. Mais j’ai 50 ans et je pense que physiquement, ça sera compliqué. Mais j’ai besoin d’être acteur du match. Je me donne à des joutes verbales marrantes. J’essaie de relativiser mais je suis allergique à l’incohérence, qui peut donner des échanges épicés. Mais le match terminé, c’est fini. Souvent, les gens m’en reparlent mais pour moi c’est du passé.

Vous avez dit du théâtre ? © Régis Hazenfus

Les soirs et lendemains de défaites, c’est comment avec Laurent Abribat ?

Je me suis beaucoup calmé car c’était folklo à la maison. Je ne dormais pas bien la saison ayant été compliquée et me réveillait la nuit pour chercher des solutions. La saison passée avec le directeur sportif de Cestas, Franck Villaba, qui est aussi fou que moi, on échangeait des sms à 4 heures du matin. C’était le sommet ! J’essaie de ne pas en faire subir les conséquences à ma famille, malgré qu’ils comprennent. Mais un jour, ma fille de 7 ans m’a dit : c’est que du foot. Et elle a raison !

Et les soirs et lendemains de victoires ?

C’est plus agréable mais je ne dors pas plus. Je me réjouis du fait d’être acteur mais celui induit une excitation dans les deux cas. Malgré tout, les dimanches sont plus sereins. On repousse les emmerdes d’une semaine comme le dit si bien Courbis.

Quels sont tes doutes et questionnements les plus réguliers ?

J’essaie toujours d’être juste avec les joueurs par rapport aux choix à faire. C’est toujours un crève coeur que d’annoncer à un joueur qu’il ne jouera pas. J’ai toujours eu des rapports privilégiés avec mes joueurs. Il est toujours difficile de faire des choix et être le plus juste et droit possible. J’essaie de faire en sorte que cela passe le mieux possible. Beaucoup de joueurs sont devenus des amis, ce qui prouvent qu’ils ont toujours su faire la part des choses.

Que t’apporte ton activité entraîneur ?

Une relation humaine. C’est la base ! C’est ma marque de fabrique, ce sentiment d’appartenance au groupe. A partir de là, on peut déplacer des montagnes. A ce niveau, cela a beaucoup d’importance. Dès qu’on sent du négatif dans le groupe, il faut intervenir afin de remettre en place le projet commun de bien vivre ensemble. Cela permet de garder des relations d’amitiés. Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai réussi à créer ça.

Si tu n’avais pas été entraineur, qu’aurais tu aimer faire ?

Je ne me suis jamais posé la question. A mes heures perdues, je suis aussi au rugby à Léognan où joue mon fils. J’entraîne d’ailleurs les buteurs de l’équipe première une fois par mois. Que ce soit mon père, mon frère, ma femme ou mes enfants, nous sommes une famille de sportifs. Je ne me suis jamais posé la question c’était naturel. Je ne me vois pas faire autre chose. Même si c’est torturant et chronophage, je prends du plaisir. Je suis aussi président du club de gym de Léognan où sont mes filles. J’ai une vraie passion pour le bénévolat et le sport, ce sont des valeurs que je défendrais toujours.

Laurent Abribat
le 20 juin 1969
Parcours entraîneur : Léognan, Langon, Lanton, Biscarrosse, Cestas.
Profession : Directeur du service des sports à la mairie de Léognan