Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à jouer au foot ?

Soraya : Ce qui m’a poussé à jouer au foot, c’est mon frère. On jouait tous les deux dans mon jardin et je me souviens que mes parents nous engueulaient car notre portail servait de but (rire). Mon frère était très technique et je voulais lui ressembler. Mes parents avaient inscrit mon frère à 8 ans dans le club le plus proche de la maison qui était le SAM.
Tous les samedis j’allais le voir jouer et j’emmenais surtout mon ballon. J’étais jalouse et je boudais souvent car je voulais moi aussi jouer dans une équipe mais je ne pouvais pas car je n’avais que 4 ans (rire). Comme disait ma mère « tu es trop petite » mon père lui me disait « le foot c’est pour les garçons et non pas pour les filles ». Je me souviens qu’un jour au bord du terrain je jonglais et le responsable des jeunes du SAM, Yves Bergeres m’a demandé si je voulais faire du foot. Je lui ai répondu que mon papa ne voulait pas mais que maman peut-être. Il m’a assuré que j’étais une footballeuse et qu’il fallait que je m’inscrive dès l’âge de 6 ans. Il est allé voir mes parents, mon père a refusé mais ma mère s’est battue pour que je puisse jouer et on est venue au SAM à mes 6 ans pour mon inscription. J’étais la seule fille parmi tous ces garçons mais j’étais la plus heureuse.

Anaïs : Au début je n’étais pas très motivée pour faire du football, je me dirigeais plus vers de la danse hip-hop et de l’équitation, mais en grandissant et petit-à-petit à force de venir regarder ma sœur jouer et d’être sa première supportrice depuis l’âge de mes 6 mois (rires), j’y ai pris goût. Je ne voulais pas jouer avec les garçons mais avec ma sœur. A l’époque, à Arlac il n’y avait pas d’école de foot féminin. J’ai donc attendu et en 2011, le FCEMA a décidé de créer leur école de football, c’est à ce moment là que j’ai donc sauté le pas.

Comment avez-vous vécu cette rencontre l’une l’autre ?

Soraya : Cette rencontre j’y ai pensé depuis le début de la saison. Ayant quitté Arlac et ma sœur aussi, nous attendions la sortie du calendrier avec impatience pour savoir si nous allions nous rencontrer. Quand nous nous sommes vues dans la même poule, on a immédiatement commencé à se chambrer (rires).
Quand nous étions à Arlac nous n’étions pas dans la même équipe donc nous n’avions pas eu l’occasion de jouer ensemble sauf une finale de coupe de Gironde à 8. Nous attendions ce match pour pouvoir jouer l’une contre l’autre.

Anais : Au début j’étais très déçu car elle n’était pas annoncé dans la liste pour jouer. Finalement elle a été convoquée, quand j’ai appris la nouvelle j’étais impatiente, excitée, et très motivée de jouer contre ma sœur. Après la tournure du match m’a vite fait perdre mes moyens car j’étais déçue et déstabilisée, ce qui m’a vite fait sortir de mon match. Malheureusement, je pense que j’aurais pu vivre mieux cette rencontre mais j’étais très contente qu’elle marque. De plus à la mi-temps et pendant le match malgré que je lui avais bien précisé que c’était mon adversaire, elle est venue pour essayer de me remonter le moral, de me remotiver ainsi qu’à mes coéquipières.

Comment avez-vous géré ce moment inédit ?

Soraya : Nous sommes plusieurs mutées et donc un roulement à été mis en place dès le début de saison. Ce match là, je ne devais pas le jouer car c’était à mon tour d’être au repos. J’étais très déçue. Ma coéquipière Océane m’a proposé de jouer à sa place et je lui ai dit « ce n’est pas grave ». Ketlyn, une autre coéquipière en avait décidé autrement en demandant au coach de me laisser jouer à sa place pour que je puisse jouer ce match contre ma sœur.
Le coach Laurent m’a envoyé une convocation, j’étais comme une enfant en lisant le message. J’ai immédiatement appelé ma sœur pour lui annoncer et nous avons recommencé à nous chambrer jusqu’au samedi soir.
Ce moment était très important pour moi car il y avait dans les tribunes notre maman fidèle supportrice qui s’est battue pour que l’on soit libre de pouvoir pratiquer le sport que l’on aime. Ce dimanche il y avait ses deux filles sur le terrain, je pense que cela lui a fait plaisir même si on ne sait pas pour quelle équipe elle était (rires).

Anais : j’ai eu du mal à gérer la rencontre car la veille je n’avais pas beaucoup dormi suite au fait que j’étais malade et très impatiente. Je pense m’être mise une pression pour rien.  Mais cela m’a fait réaliser que même si nous étions adversaires sur ce match, elle n’a pas hésité à m’aider mentalement et reprendre son rôle de grande sœur.

Sur le match en lui-même, quelles impressions avez-vous ?

Soraya : Le match était spécial car je savais que j’allais en garder de bons souvenirs. J’ai marqué le premier but en début de match, je ne l’ai pas réellement célébré je me suis seulement tournée vers les tribunes en souriant à ma mère. Nous avons enchaîné les buts et à la mi temps il y avait 4 à 0. Cela devenait compliqué pour le SAM. A la sortie du vestiaire, j’ai pris ma sœur pas l’épaule qui était très déçue. Je l’ai conseillé de s’amuser et de ne pas lâcher et de vivre ce moment à fond. En seconde mi temps j’ai marqué un deuxième but et je me suis retournée vers ma sœur en lui tirant la langue (rires) elle m’a sourit.
J’étais très touchée à la fin du match cela restera un très bon souvenir. Je suis contente d’avoir pu jouer ce match, je remercie mon coach et mes coéquipières.

Anais : Je suis encore à l’heure d’aujourd’hui très frustrée du résultat et du déroulement du match qui ne s’est pas passé comme je l’avais imaginé. Je pense que j’aurais pu mieux gérer ce match, et que nous aurions pu faire mieux collectivement car même si nous connaissions déjà l’écart de niveau que nous avions avec Gradignan – c’est une équipe avec des joueuses de grande expérience qui ont touché à du haut niveau et nous qui sommes une équipe en construction – nous espérions pas de miracle. Je peux vous dire que ce match n’a pas était un match représentatif de notre club, et notre équipe.

Une maman aux anges

De son côté, la maman, Sylvie Boukeloua avouait être « ravie de voir mes deux filles jouaient l’une contre l’autre, ça n’arrivera pas souvent. J’en garderai un très bon souvenir même si je savais que l’une des deux allait sortir de ce match déçue« .