Pourquoi as tu décidé de devenir entraîneur ?

A l’âge de 18 ans lorsque j’étais à Nérac, l’éducateur des U15 m’a proposé de l’accompagner sur la catégorie. J’avoue que sur le coup sa proposition m’avait surpris et je ne m’étais jamais posé la question de passer de l’autre côté. Passionné de foot, je ne pouvais pas refuser et puis j’étais curieux de voir le foot de l’autre côté aussi. J’ai naturellement accepté. C’est là que tout a commencé : une observation après l’autre, un exercice après l’autre, un entraînement après l’autre, une causerie après l’autre, un match après l’autre. J’ai attrapé ce virus que seuls les entraîneurs savent. Par la suite, j’ai eu la chance d’avoir ma première expérience senior (PH) à l’âge de 21 ans. Les gens m’ont pris pour un fou d’arrêter de jouer. Mais je n’ai pas arrêté de jouer. C’est tout simplement ma façon de jouer encore.

Quels sont les entraîneurs que tu as côtoyé qui ont inspiré l’entraîneur que tu es aujourd’hui ?

Tous les entraîneurs m’inspirent. Que ça soit du monde amateur au monde pro. Chaque entraîneur a des qualités. Bien sûr certains plus de que d’autres. Mais je suis attentif à tout ceux que je peux croiser de près ou de loin. Je prends le meilleur de chacun pour me construire.

Quel est l’entraineur professionnel que tu admires et pourquoi ?

C’est impossible pour moi de n’en choisir qu’un. J’en aime beaucoup.
Ceux que j’admire ont tous des points communs.
Leurs personnalités (charisme), la façon de faire jouer leur équipe (philosophie de jeu) et la façon de gérer leur vestiaire (le management).

Quelle est ta philosophie de jeu ?

Avant de parler de jeu, je crois que sans travail et sans mentalité, on ne peut pas aller plus loin sur la question. C’est la base.
Pour moi un match de football c’est 60% de qualités physiques et mentales, 20% de qualité tactique et 20% de qualité technique. Voilà les grandes lignes. Maintenant pour parler de jeu, j’aime le « beau » jeu pragmatique, j’aime l’intensité et la vitesse et j’aime jouer dans le camp adverse.

Causerie ou pas causerie ?

Bien sûr, pour moi c’est le discours de la méthode…
La causerie est un art.
Cuisiner des mots et mijoter les silences. Faire vivre le football…
De la précision, des adverbes d’intensités et de la métaphorisation.
Créer des images, susciter des émotions et remporter la conviction.
Pas plus de 5 minutes mais pour ça, il faut transmettre un maximum dans la semaine d’entraînements pour éviter des causeries trop longues. Voilà comment je vois la chose.

Ce dont tu ne peux pas te passer quand tu es entraîneur ?

Penser, penser et encore penser.
Réflexion sur le jeu, les entraînements, les choix, les décisions fortes, les causeries… Je ne peux pas passer 30 minutes dans une journée sans y penser. Parfois même la nuit…. C’est un virus.
Un bon virus. Le meilleur qui n’est jamais existé.

Sur le banc, tu es comment ?

Je suis très calme. Pour moi quand le match débute on est impuissant sur le bord. On a très peu de leviers. Ce sont les joueurs les acteurs.
On doit être très actif pendant la semaine d’entraînements. Mais le jour du match c’est un moment d’observation et de calme. C’est le moment pour nous entraîneur de regarder le spectacle ou le massacre. J’attends généralement la mi-temps avec impatience.

Les soirs et lendemains de défaites, c’est comment avec Yassine Azahaf ?

Défaite ou victoire la question n’est pas là. Il y a des victoires qui te rassurent deux heures mais qui t’inquiètent sept jours. Comme il y a des défaites qui t’inquiètent deux heures mais qui te rassurent sept jours.
Une chose est sûre, c’est le contenu du match qui joue sur mon humeur,  les heures voire les jours suivants.

Quels sont tes doutes et questionnements les plus réguliers ?

La performance individuelle et collective. Comment je peux améliorer le rendement de mon équipe et/ou de tel ou tel joueur.

Que t’apporte ton activité d’entraîneur ?

Je ne peux pas vivre sans ça. C’est ancré en moi. Sûrement qu’un jour je n’aurais plus d’équipe. C’est le métier qui veut ça. J’en suis conscient. Mais je tiens fortement à atteindre mes objectifs et laisser ma place propre où que je sois afin d’avoir une continuité dans l’activité.

Si tu n’avais pas été entraîneur, qu’aurais tu aimer faire ?

Je me suis jamais posé la question. Comme je me suis jamais posé la question si je devais vivre sans mes jambes.