Comment s’est passé le dernier mois pour vous ?

Confiné, avec la chance de ne pas avoir été malade tout comme mes proches. J’ai aussi été attentif aux nouvelles de santé des acteurs du football car la priorité reste la santé et la victoire contre ce satané virus. Il a quand même fallu préparer la suite car nous espérons tous un jour sortir du confinement.

Sur ce mois, il y a eu deux périodes :

  • La première où on ne savait pas ce qu’allait décider la FFF. Plus on avançait dans le temps plus chacun de nous était persuadé que les compétitions ne reprendraient pas. Mais nous ne pouvions pas travailler sur cette conclusion tant que la décision n’avait pas été prise.
  • Puis, le 16 avril, cela a été un vrai marathon. Sur ma table de salle à manger entre l’ordinateur et les papiers, on essaie d’étudier les hypothèses avec les règles imposées par la FFF à savoir : une relégation maximum et les montées réglementaires afin d’avoir des championnats homogènes dans l’avenir. J’ai été en contact permanent avec le président de la ligue et les présidents des onze 11 districts de la ligue. Nous avons envoyé ensemble plusieurs courriers à la fédération et à la ligue de football amateur. Nous ne souhaitions pas la saison blanche mais nous souhaitions qu’il puisse ne pas y avoir de relégations, mais seulement les accessions car il y a assez de malheurs en ce moment pour en rajouter. Mais cela pose problème, notamment dans la mesure où pour les championnats fédéraux, il y a les relégations et accessions réglementaires. Le National 3 compte trois relégations, à ce jour Pau B, Mérignac Arlac et Arcachon. C’est donc compliqué de ne pas accepter les orientations fédérales.
Savez-vous pourquoi une différence de décisions entre fédéral & ligue et district ?

Je ne sais pas mais il est sûr que cela aurait été plus simple s’il y avait eu uniformisation. Nous avons défendu notre bout de gras jusqu’au moment où il fallait arrêter et obéir à notre tutelle. Ce qui peut perturber, et qui n’est pas très clair, c’est que le niveau national 3 est un niveau fédéral, géré administrativement par la ligue. Pau B, Arlac et Arcachon sont relégués, c’est la dure loi du sport. Je suis très peiné pour ces trois formations qui n’ont pu défendre leurs couleurs jusqu’au bout.

Comme président de district comment s’est déroulé cette période ? Comment avez-vous défendu vos clubs ?

Un système a été mis en place naturellement. Tous les mercredis matin, les présidents de ligue étaient en visioconférence avec le président de la FFF et celui de la LFA. Et le mercredi après-midi, nous étions réunis, tous les présidents de district et le président de la ligue Nouvelle-Aquitaine avec certains salariés encore sur le pont – que je tiens à féliciter pour leur travail. Nous avons aussi créé un groupe WhatsApp où nous sommes en contact permanent avec comme première et unique conviction de sortir des décisions uniformes sur tout le territoire. On ne pouvait pas imaginer faire des relégations sur un district et pas sur l’autre. Il fallait traiter chaque district de la même façon. Nous nous sommes fait un point d’honneur à trouver des consensus en finissant si nécessaire par un vote afin que la parole commune soit toujours portée.

Après, je regrette ne pas avoir pu réaliser des visio conférences avec les clubs. Le président de la ligue en a organisé 28. Mais j’ai eu beaucoup de clubs au téléphone. Prendre une décision dans ce contexte est compliqué et inédit. Chacun réagit en fonction de son club et ne regarde pas la situation globale, c’est logique, humain et normal. De mon côté, je dois regarder l’intérêt général, celui de tous les clubs. Et il est certain que les avis étaient très partagés. En gros, un tiers voulait la saison blanche, un tiers figer les classements et l’autre tiers sans avis. Mais, au-delà des compétitions, il est surtout important d’être là pour eux, surtout pour les problèmes qui ne manqueront pas de voir le jour à l’issue de cette tragique pandémie, notamment au niveau des finances.

Des clubs vont faire des recours, quel est votre avis ?

Le recours est une possibilité qu’ils ont et qu’ils doivent faire s’ils estiment qu’il y a une injustice. Tout peut s’expliquer et s’entendre s’ils fondent cela sur les règlements. Je sais que ce que nous allons annoncer après notre comité directeur fera beaucoup d’heureux mais il y aura quelques déçus. Car il n’y a pas de solution qui puisse satisfaire tout le monde. Une saison arrêtée le 13 mars ne peut pas être équitable car il restait au moins 10 rencontres à jouer à chaque club. Et comme un entraîneur l’a indiqué sur Foot Gironde, lors de la finale du 100 mètres ce n’est pas toujours celui qui est en tête aux 70 mètres qui gagne. Il a raison. Maintenant, actualité oblige, nous sommes obligés d’arrêter aux 70 mètres. Il fallait prendre une décision. Ce que je regrette c’est qu’il n’y aura pas de titre de champion car les grandes finales de championnats avec en point d’orgue la finale de D1 club VIP qui devait avoir lieu à Lesparre sont annulées.
Comme les finales de coupe, la journée nationale des débutants. Il n’y aura pas ces rassemblements porteurs de joie mais aussi de recette pour les clubs organisateurs.
En tout cas, les clubs qui envisagent faire des recours ne seront pas jugés comme des casses pieds. Et si on s’est trompé, on les intégrera là où ils doivent jouer. Mais je peux assurer une chose : si c’est le cas, il n’y aura pas de rétrogradation rétroactive. A partir du moment où nous aurons publié les accessions et relégations, chaque équipe sera assurée de jouer au niveau défini. Et le club dont le recours lui donne raison sera intégré dans une poule qui sera alors déséquilibrée, avec un club en plus.

« Depuis un mois, nous sommes des acrobates sur un fil »

Depuis un mois et demi, nous sommes comme des acrobates sur un fil. Nous voyons arriver tous les jours des décisions, et parfois certaines sont contradictoires. C’est pour cela qu’il était important de prendre le temps. Et cela pour envisager au mieux reprendre en septembre. Chaque jour suffit sa peine et j’espère qu’on pourra en juillet et août recréer un peu de joie en créant des événements estivaux. J’ai demandé à Nicolas Soulé, directeur du district, seul salarié en activité à ce jour avec la comptable et 4 autres personnes sous contrats,– de se préparer pour être prêts dès qu’une organisation sera possible. Il y a une tournée d’été de 12 étapes avec Cap 33, le Gironde tour des plages de beach soccer, la tournée verte etc… Des événements pour redonner de la joie de vivre car le football fait partie de la société. Après avoir été confiné dans des espaces restreints, avoir mis le tablier de professeurs pour faire l’école à la maison ou encore ceux qui n’ont plus que 84% de leur salaire malgré des traites. Il faut être là pour amener un peu de joie.

Ce soir comité de direction avec parmi l’ordre du jour les compétitions. Afin d’être clair, le calcul au quotient est entériné. Il va juste y avoir quelques ajustements pour départager en cas d’égalité ?

Oui, on calcule le classement en fonction du quotient nombre de points pris / Matchs joués. Cela donnera des classements qui seront réalisés sous réserve de procédures en cours. Ce que je peux annoncer aujourd’hui, c’est qu’il y aura des montées supplémentaires par rapport à ce que prévoit le règlement car je ne souhaite pas de poule à 11 ou à 13, ou le moins possible, car cela implique avoir un exempt et donc un club qui ne joue pas à chaque journée.

Concernant le départage, la FFF nous a autorisé à ajuster nos règlements afin de se calquer au mieux à la situation inédite.

En Nouvelle-Aquitaine, les poules de R1 vont passer à 14 et la coupe Nouvelle Aquitaine sera suspendue. Quel est votre positionnement au district de la Gironde ?

Lors du comité de direction de la ligue il a été validé des poules de R1 à 14 clubs. Le procès-verbal n’a pas encore été publié mais ça le sera dans les heures ou jours à venir. Au district de la Gironde, nous sommes attachés à nos coupes. Nous avons des partenaires pour deux coupes de Gironde, Seat Skoda et Crédit Agricole, mais on voit aussi qu’elles suscitent de l’engouement. C’est pour ça que nous n’avons pas envie de les suspendre. Il n’y aura pas de poules de 14 alors nous pourrons au moins maintenir, à minima, les coupes de Gironde.

Qu’en est-il pour l’arbitrage et des classements pour définir le niveau d’arbitrage ?

 Cela a été validé par le comité de direction de la ligue et nous devons en faire de même en district ce soir. Il y a deux possibilités : faire une saison blanche et chaque arbitre repart dans la même catégorie ou alors faire les montées et descentes en finissant les observations en septembre / octobre, sous condition que les championnats puissent reprendre, sachant que pour cela, nous dépendons des décisions du gouvernement.

Quid des suspensions ?

C’est très complexe. Que faire d’un joueur qui a écopé de trois mois de suspension à partir du 2 mars, qui aura purgé sans qu’aucun match n’ait été joué ou de celui qui a écopé de 12 matchs à date d’effet du 2 mars qui n’a rien purgé. La FFF s’est emparée du sujet. Il est important, à mon avis, de trouver un système équitable.

« la préoccupation majeure du moment doit et restera le soutien à nos clubs »

Une vraie problématique doit être abordée : celles des finances des clubs car ils ne peuvent avoir aucune rentrée financière : pas de buvette, pas de loto, pas de tournois etc…

Les clubs n’ont aucune rentrée depuis le 13 mars. Des clubs participent tous les ans à des fêtes locales comme la fête de la morue, la fête de la rosière, la fête de l’herbe, la fête de l’huitre etc… Des manifestations qui permettaient de ramener de l’argent. Il y a aussi les partenaires qui vont aussi rentrer en période de souffrance. Il faut également prendre en considération que mis à part les charges fixes, les clubs n’ont pas de sorties. La première mesure en avril lors d’une réunion avec le président de la ligue et les autres présidents de district a été de suspendre les prélèvements d’avril en ligue et également en Gironde. Ce soir sera proposé au vote les suspensions de ceux de mai et de juin. D’autres pistes pour soutenir les clubs sont également à l’étude.

La FFF a lancé une étude sur un fond de solidarité pour les clubs amateurs. Elle appelle ligue et district pour abonder ce fond. Il y a aussi une réflexion en interne à la ligue sur des solutions pour aider les clubs. Nous souhaitons être au plus près des clubs.

Et pour le district, comment cela se présente ?

Cela va être compliqué, comme pour bon nombre d’entreprises et associations. Sans compétition de mars à juin, cela devrait avoisiner un manque d’environ 200000 €.
Nous avons, bien sûr mis un terme à toutes les charges possibles comme les frais de nettoyage des locaux mais certaines d’entre elles restent incompressibles.
Malgré cela la préoccupation majeure du moment doit et restera le soutien à nos clubs.

Dernière question avec les élections. Celles de la FFF ont été reportées au mois de mars. Qu’en est-il pour le district ?

 L’assemblée générale n’aura pas lieu le 20 juin comme prévu. Il n’est pas opportun de regrouper tous les clubs qui auront autre chose à faire à cette époque. Il faut aussi prévoir une campagne de deux mois il faut alors laisser le temps à chaque personne qui le veuille de faire sa liste. On la décalera au dernier quadrimestre 2020, comme celle de la ligue Nouvelle Aquitaine. Pas plus tard car les prochaines élections devront avoir lieu en 2024. Nous ne souhaitons pas décaler en 2021 car nous souhaitons laisser un mandat d’un peu moins de 4 ans afin que l’équipe en place puisse travailler.