Le Covid-19 à Gradignan ?

Mon quotidien a changé depuis le samedi 22 février 2020. Après une matinée de travail normal, je suis rentrée chez moi. Je me sentais affaiblie, courbaturée et je toussais. J’avais 38°de fièvre. J’ai pensé que j’avais attrapé la grippe. A cette période il y avait le pique de l’épidémie de grippe, nous avions une joueuse de notre équipe « Manue » ainsi que les deux coachs Diane et Auguste qui l’avaient attrapé.
Le dimanche nous recevions en coupe Nouvelle-Aquitaine quitaine l’équipe de Bussac Forêt. Je m’inquiètais plus de savoir si j’allais pouvoir jouer que de moi. Le samedi, j’avais reçu un message d’Océane, la capitaine qui venait de m’annoncer qu’elle ne pourrait peut être pas jouer. Elle pensait avoir la grippe. Elle avait 40 de fièvre, de la toux et des courbatures mais que si dimanche matin ça allait mieux elle viendrait jouer le match. Le week end s’annonçait mal. Entre les joueuses blessées, malades et trois personnes du staff malade. Ça allait être un dimanche compliqué.
Le dimanche matin Océane m’annonçait qu’elle avait autant de fièvre et que c’était vraiment impossible pour elle de jouer. Il fallait trouver une solution. Nous sommes deux coachs joueuses, Diane étant blessée et malade, elle ne pouvait pas jouer et moi, malade ça allait être compliqué. Je suis venue pour compléter le groupe, j’avais prévu de jouer que s’il y avait besoin. Nous perdions 1-0 à la mi-temps, après un remontage de bretelle dans le vestiaire, Diane m’a demandé comment je me sentais et si je pouvais jouer. J’ai directement dit oui mais dans ma tête je savais que ça allais être compliqué. Je me suis dit « je vais transpirer et après j’irais dormir » (rires). Je n’étais pas vraiment au top mais bon je pensais qu’à cette qualification pour les quarts de finale. J’ai donc joué la deuxième mi-temps et je peux vous assurer que c’était dur, il faisait chaud et moi j’avais froid. J’essayais de tout donné malgré tout. Nous avions gagné 4-1. Je n’étais pas très fière d’avoir joué en étant malade mais bon j’étais fière de ce que l’équipe avait fait.
Je suis donc rentrée chez moi pour me reposer. Mon état s’était empiré : les montées de fièvre étaient de plus en plus forte et une grosse fatigue.
Le lendemain matin, je devais aller travailler. Je travaille dans la grande distribution j’avais, ce lundi là une grosse opération commerciale à installer (étant donné que j’avais été au foot, je ne pouvais pas louper le travail c’était inconcevable pour moi). Je suis donc allée travailler et je suis allée chez le médecin en suivant. Mon médecin m’a évidement engueulé  et m’a annoncé que j’avais une grosse grippe et qu’il fallait absolument faire descendre la fièvre et me reposer… une semaine d’arrêt. A cette période on parlait du Covid-19 et de la grippe car les symptômes se ressemblaient et il y avait deux cas en France. J’ai tout de même posé la question, il m’a certifié que c’était une grosse grippe, que mes poumons n’étaient pas pris et que je n’avais pas de soucis respiratoires.
Le soir mon état s’était empiré, la fièvre montée à 40°, descendait puis remontait. J’étais épuisée, je toussais beaucoup aussi. Quelques jours après je n’avais toujours pas d’appétit, perte de goût et de l’odorat et une forte fatigue. J’ai continué à prendre le traitement donné par mon médecin et je me force à manger pour prendre des forces. D’habitude quand j’ai la grippe ça dur 3-4 jours. Là, à la fin de semaine je n’avais pas trop d’amélioration, un peu de fièvre, des migraines toujours pas d’odorat et de goût et extrêmement fatiguée. Je n’ai donc pas repris le travail, ni le foot car mon état ne me le permettais pas. J’avais pris des nouvelles des 4 autres malade Océane, Diane, Manue et Auguste et eux aussi avaient des symptômes un peu différents mais ils étaient dans un état de fatigue extrême et bien malades. Je comprenais pas car pourtant je prenais bien le traitement que m’avait prescris mon médecin paracetamol, ibuprofene, antibiotique, sirop. J’ai décidé d’arrêter de tout prendre sauf le paracetamol… Mon état a commencé à s’améliorer au bout de la deuxième semaine, plus de fièvre mais beaucoup de migraines, le corps faible, j’ai essayé de prendre l’air car je commence vraiment à en avoir marre d’être malade, de ne pas bouger et de ne pas travailler. Mais à chaque fois que j’allais dehors ça n’allait pas, je me sentais trop faible . Au milieu de la semaine mon état s’améliore, j’étais moins fatiguée mais je toussais beaucoup, je mangeais normalement, le goût et l’odorat étaient revenu, je toussais encore fortement.
Le lundi de la troisième semaine, j’ai décidé de reprendre le travail malgré tout. Je me sentais toujours fatiguée mais le fait de reprendre le travail m’a fait beaucoup de bien car quand tu es clouée au lit pendant 15 jours ça devient compliqué physiquement et moralement. Je disais à mes collègues « vous allez me prendre pour une folle mais je suis heureuse de travailler » (rires). A mon retour, mon entreprise m’a demandé de me renseigner auprès de mon médecin pour savoir si ce n’était pas le corona et s’il n’y avait aucun risque. J’ai donc appelé mon médecin et j’ai été surprise par sa réponse « Soraya je ne sais pas et quand bien même si c’était le Covid-19 tu es immunisée, je ne peux pas te faire de test, on n’en a pas ».
Alors aujourd’hui je ne pourrais pas vous dire si j’avais le corona virus ou si c’était la grippe en tout cas ça a duré un mois mais aujourd’hui tout va bien ! Quand aux 4 autres contaminés Océane, Diane, Manue et Auguste, ils vont bien et sont guéris.

Le quotidien au travail : une grande surface, au rayon épicerie…

Les rayons ont été dévalisés

Concernant mon quotidien depuis début mars… Je dirais qu’il n’avait pas changé tout de suite. Je travaille dans la grande distribution nous embauchons tôt le matin (5h-5h30) nos habitudes de travail n’avaient pas changé. On remplissait les rayons magasins fermés et continuons à remplir les rayons à l’ouverture avec les clients environ jusqu’à 12h. La direction nous avait fourni de quoi se protéger, gants, gel hydroalcoolique et rappel des gestes barrières. Il nous annonçait également que nous risquions d’avoir plus de marchandise livrées dû à la vente massive de certains produits. À l’ouverture du magasin, je discutais avec certains clients habitués, de l’actualité, le covid-19, la peur et la crainte que le magasin ferme ou qu’il soit pas réapprovisionné etc.
Je suis au rayon épicerie là où se trouve tous les produits de première nécessité et beaucoup d’autres produits alimentaires. A l’annonce de fermeture de certains lieux publics et des écoles etc les clients venaient en masse en magasin, on sentait la panique arriver. Je n’ai jamais vu ça, les gens se jetaient sur les rayons et remplissaient des caddies entiers, ils prenaient tout ce qu’ils trouvaient ! Ça se bouscule dans les rayons pour des pâtes, du pain etc .. Nous nous sommes retrouvés avec des étagères vides !!! Plus on mettait de marchandises plus les gens prenaient, et prenaient même directement sur nos palettes. J’ai expliqué tout au long de la matinée et rassurée leur confirmant que nous étions réapprovisionnés tous les jours. L’accueil du magasin faisait également un appel micro pour informer la clientèle que nous serons réapprovisionnés mais les gens continuaient à vider les rayons en permanence, c’était incroyable ! Ça a duré plusieurs jours et on ne pouvait plus travailler tellement il y avait de monde dans les rayons cela devenait très compliqué.
Le pire a était à l’annonce du confinement, les gens venaient pour faire de grosses réserves et c’était de pire en pire. A partir du 16 mars, la direction nous a demandé si nous souhaitions travailler de nuit, magasin fermé pour des raisons de sécurité, pour ne plus être en contact avec les clients et être dans de meilleures conditions pour remplir les rayons afin que le magasin soit réapprovisionné à l’ouverture. Nous devions pas être en stress ou avoir la peur au ventre en travaillant, je trouve que cette initiative était là meilleure pour tout le monde.
Nous avons donc changé d’horaires, nous commencions magasin ouvert à 18h avec des allées fermés aux clients afin de ne pas être en contact avec eux, enfin le moins possible. A 19h le magasin ferme ses portes, la direction nous a proposé de faire nos courses si nous avions besoin. Quand à l’activité en elle même, nous sommes livré 4 à 5 fois par semaine avec habituellement 30-40 palettes par semaine au rayon de produit de grande consommation (épicerie, liquide, bazar animaux , parfumerie, droguerie…). Dès le 17 mars nous sommes passés à 60-70 palettes ! Cela nous demande beaucoup de travail et de force, l’entraide est primordiale, ce n’est pas facile chaque jour !
Le rythme est soutenu, la fatigue est présente mais nous faisons le maximum afin de remplir et finir au plus tôt … Parfois nous finissons à 1h comme à 2h, 3h, 4h. Des fois on rigole car on ne regarde pas l’heure et on voit l’équipe du frais arriver à 3h. On échange avec eux car on ne les voit plus trop alors on leur souhaite bon courage et eux nous souhaitent une bonne nuit.

Le rythme de travail qui passe au travail de nuit…

Le rythme de nuit est complètement diffèrent, nous sommes plus fatigués physiquement que quand on vient de se lever le matin mais en cette période difficile nous n’avons pas le choix ! Notre métier est important, nous devons le faire en toute sécurité même si le risque zéro n’existe pas. On le fait pour tout le monde, peu importe l’horaire nous le faisons pour que tout le monde puisse trouver de quoi se nourrir en arrivant dans le magasin le matin. Personnellement je dirais que j’ai de la chance de travailler, je me dois de travailler pour aider mes collègues, je me sens encore plus utile en cette période. J’ai besoin de bosser, je suis quelqu’un de très active et j’aime ce que je fais. Si je devais rester chez moi, je péterais les plombs, ce n’est pas possible (rires). Comment je fais ? Alors c’est simple, j’ai changé entièrement mon mode de vie. Avant je me levais tôt pour aller travailler, l’après midi j’allais voir ma mère et ma soeur, le soir entraînement de foot et le week end foot foot foot !! Mais ça c’était avant (rires). Aujourd’hui je suis une chauve souris je dors le jour, je vie la nuit. Je me lève tard, je mange en décalé. La journée quand je ne suis pas trop crevée, je fais du jardin, je joue avec mon chien, je me détends dans le spa, j’appelle ma famille, j’échange avec toutes mes joueuses de Gradignan par Messenger je leur demande si elles font du sport.
Je suis également les infos , je regarde des séries sur Netflix, les réseaux et l’actualité de sportive de près.

Et le football dans tout ça…

Le football me manque beaucoup ainsi que mes coéquipières, mon staff, les entraînements, la compétition etc. Je suis en contact permanent avec les joueuses. Je ne leur ai pas donné de programme particulier, je vois qu’elles s’entretiennent d’elles même et j’en suis très fière.
Je travaille avec le staff depuis janvier. Suite au départ de Laurent Queyret, Diane Afanou et moi même avons repris la suite avec les membres du staff. Nous avons continué le travail pour atteindre les objectifs fixés et d’autres que nous avons fixés en cours de route. Le premier objectif de la R2 était de finir première afin de pouvoir jouer les barrages pour jouer la montée en R1. Au 15 mars après l’arrêt des rencontres nous étions toujours 1 ère avec de l’avance sur les deuxième anglet. Aujourd’hui la saison est terminée par la force des choses mais c’est la plus sage des décisions. Le foot c’est bien mais cela ne vaut pas vie ! Nous n’avons pas pu aller au bout. On sait désormais que nous sommes montées en R1. Le groupe le mérite vraiment, on y travaille depuis deux ans et les filles, le staff et le club mérite cette montée en R1. Nous avons également travaillé afin que notre équipe B qui évolue en district ait un même objectif : celui d’être dans les premières pour pouvoir parler de montée. Malheureusement avec l’arrêt, elles ont 8 matchs joués sur 11 avec des reports et donc des points en moins sur le premier. Elles sont cinquièmes et n’ont pas pu terminer la saison, cela est frustrant.
Nous travaillons avec le staff pour préparer la saison prochaine.
Pour finir, aujourd’hui il faut penser à toutes ces personnes ayant perdu la vie, à leurs proches et amis. A toutes les personnes qui se battent encore contre ce virus de M… ! J’ai une grosse pensée pour tout le personnel soignant qui se donne au maximum et qui est au premier rang, à tout ceux qui se battent pour trouver la solution afin d’arrêter ce virus. A tous ceux qui continuent de travailler et prendre des risques, chaque jour, les caissières, les personnes qui mettent en rayon, les pharmaciens, les éboueurs et j’en oublie beaucoup… Bravo à tout le monde, on ne sera jamais assez reconnaissant. MERCI ! Dernier message merci pour votre soutien et vos messages de remerciement ça fait du bien.

PRENEZ SOIN DE VOUS , RESTEZ CHEZ VOUS !